Pseudoéphédrine attention danger !

Actifed, Dolirhume rhinadvil rhume: qu’ on en commun tous ces médicaments ? ce sont des médicaments symptomatiques du rhume qui contiennent tous de la pseudo éphédrine

 Le débat et les acteurs en présence :

D’un cote : une molécule efficace : la pseudo Ephédrine, de l’autre le rhume : une affection bénigne

Alors examinons les faits :

La pseudoéphédrine : qu’ est-ce que c’est ?

La pseudoéphédrine est un vasoconstricteur (c’est à dire une molécule qui réduit le calibre des vaisseaux)

  • Au niveau du nez atteint par un virus, les effets bénéfiques sont une diminution de l’écoulement nasal et une amélioration de la sensation d’obstruction nasale ( nez bouché)

Or pris par voie générale (en comprimé) la pseudoéphédrine agit sur tous les vaisseaux du corps et pas seulement sur les vaisseaux de la muqueuse nasale.

Certains effets indésirables de la pseudoéphédrine sont connus depuis longtemps :

elle est susceptible de provoquer des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux.

Ce risque est très faible mais ces événements peuvent se produire quelles que soient la dose et la durée du traitement  (Cela fait longtemps que nous le savons et que nous les ORL avons arrêté de prescrire ces spécialités). De ce fait ces médicaments qui étaient en vente libre en France sont passées sur prescription médicale et… certaines spécialités pour les enfants ont été supprimées au fil des années.

Or d  autres types de complications ont été signalées de façon plus récente et ont relancé le débat sur l usage de ces médicaments (le covid étant passé par la, les services de pharmacovigilance ont fait de gros progrès)

En effet on a décrit des risques sur le cerveau :

  • syndrome d’encéphalopathie réversible postérieure (PRES)
  •  syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible (RCVS)

Ces syndromes entraînent une réduction de apport de sang au cerveau  et sont susceptibles d entrainer des complications graves, potentiellement mortelles.

Du fait de ces signalements récents, un certain nombre de  sociétés savantes (Collège de la médecine Générale, Conseil national professionnel d’ORL) et de pharmaciens (Ordre national des pharmaciens et syndicats patronaux de pharmaciens d’officine) se sont joints à l’agence française du médicament, en octobre 2023 pour recommander de ne pas utiliser ces médicaments pour soulager les symptômes du rhume  qui reste  une affection bénigne

Quelques rappels sur le rhume:

Le rhume est une affection virale bénigne qui guérit spontanément en 7 à 10 jours. La prise de ces médicaments contenant de la pseudoephedrine permet de soulager les symptômes désagréables mais en aucun cas ne réduit la durée de la maladie ou ne prévient ses complications (type sinusite)

Les consignes pour soulager l’inconfort lié aux symptômes du rhume reposent sur des gestes simples :

  • humidifier l’intérieur du nez avec du sérum physiologique,
  • boire suffisamment ;
  • dormir la tête surélevée ;
  • maintenir une atmosphère fraîche (18-20 °C) et aérer régulièrement les pièces.

 

LE DÉBAT :

 

La question est de savoir  s il faut prendre le risque d un effet indésirable gravissime pour une pathologie bénigne sachant que ces effets indésirables sont  très rares mais potentiellement très graves et peuvent survenir même chez une personne jeune et bien portante.

 

C est la que mon histoire dépasse le cadre simplement médical car du point de vue médical , le rapport bénéfices risque est très en faveur de l arrêt de l utilisation de ces spécialités contenant de la pseudoéphédrine.

Reste a définir si il faut tout simplement arrêter leur commercialisation ou… émettre des recommandations.

Voici la suite:

L  agence française du médicament a saisi en octobre 2023 le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a rendu  le mois dernier  ses conclusions

Le comité européen du PRAC  est moins restrictif : il a recommandé en décembre 2023:

  • d’ajouter ces syndromes PRES et RCVS à la liste des effets indésirables associés à la pseudoéphédrine ;
  • pour réduire ce risque d’effets indésirables, de ne pas utiliser la pseudoéphédrine chez les patients :
    • ayant une hypertension sévère ou non contrôlée,
    • ou ayant une maladie ou une insuffisance rénale aiguë ou chronique ;
  • d’arrêter un traitement par pseudoéphédrine en cas de signes évocateurs d’un PRES ou d’un RCVS :
    • maux de tête sévères apparition soudaine,
    • nausées et vomissements,
    • confusion mentale,
    • convulsion,
    • et troubles visuels

 

En France, l’agence française du médicament  répond que ces recommandations ne sont pas suffisantes pour « réduire le risque d’effets indésirables possiblement graves pour les patients ». Elle souligne que, ces complications peuvent apparaître chez des patients sans aucun antécédent médical ou facteur de risque.

Un recours a été déposé. A suivre…

 

Mes commentaires :
  • -Sont en jeu des intérêts financiers mais aussi des risques de responsabilité médico-légale

( l’histoire du sang contaminé est passée par la). Il suffira peut-être d’un accident indésirable grave qui fasse la une des journaux pour qu’ on légifère en urgence et qu’ on interdise ces médicaments. En tous cas en s’opposant à la directive européenne, l’agence française du médicament se couvre pour l’avenir en exprimant publiquement son désaccord.

  • Maintenant on peut se demander pourquoi les habitudes ne sont pas les mêmes en Israël et dans les pays Anglo- saxons ? est-ce un problème de culture différente ? :

-l’efficacité à tout prix quel que soit le risque ?

– Liberté à tout prix ? ( ces médicaments sont en vente libre)

J’ai été frappée en faisant mon Alya il y a presque 10 ans combien ces médicaments se retrouvaient dans les prescriptions de mes confrères israéliens généralistes mais aussi spécialisés en ORL

Inutile de dire qu’ en Israël actuellement ce n’est pas la préoccupation…. Maintenant il me semblait important de diffuser cette information au plus grand nombre et que chacun au niveau individuel prenne en toute connaissance de cause la décision de prendre ou non ce type de médicament lors de sa prochaine rhino pharyngite…. Pour ma part je ne prescris plus ce type de médicaments en tant qu’ ORL depuis plus de 30 ans.

 

Une dernière chose :  n’oubliez pas si vous êtes infectés de mettre un masque pour protéger votre entourage ( Le covid nous aura au moins appris cela)
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