Ouah c’est le printemps mon nez coule !!

Avec le printemps certaines personnes renouent avec le nez qui coule. C’est l’occasion pour nous de faire le point sur les rhinites allergiques dont fait partie le rhume des foins

Le rhume des foins : c’est quoi ?

 

Il s’agit d une allergie saisonnière liée à la production de pollen :

  • de Février à Avril pour les pollens d’arbres,
  • de Mai à Juillet pour les pollens de graminées,
  • d’Août à Octobre pour les herbacées.

D’autres substances comme les acariens ou les poils d’animaux peuvent provoquer des rhinites allergiques. L’allergie peut alors se manifester toute l’année.

 

La rhinite allergique : est-ce fréquent ?

 

Oui de plus en plus. Elle touche désormais 20 à 25 % de la population en France. Les troubles peuvent commencer à tout âge, mais débutent le plus souvent à adolescence.

Comment reconnaitre le rhume des foins ?

Les symptômes :

Il faut penser à une rhinite allergique si :

  • Vous avez des picotements dans le nez, de fréquents éternuements et un écoulement nasal clair.
  • Des yeux gonflés ou qui pleurent.
  • Dans tous les cas il n’y a pas de fièvre.

Si les symptômes sont importants, ils peuvent provoquer des troubles du sommeil, de l’absentéisme à l’école, des arrêts de travail et nuire à la qualité de vie.

L’allergie peut également toucher d’autres organes que le nez :
  • Les poumons (provoquant de l’asthme),
  • La peau (provoquant de l’urticaire ou de l’eczéma),
  • Les yeux (provoquant une conjonctivite allergique)
  • Voire tout le système provoquant un œdème de Quincke (gonflement des paupières des yeux de la gorge) nécessitant un traitement en urgence

 

Si vous présentez ces symptômes que faire ?

 Pour comprendre : Les médecins ORL catégorisent les rhinites chroniques (plus de 4 semaines) en deux classes : Les rhinites allergiques et les rhinites non allergiques

Il faut donc :

Consulter un médecin ORL:  

qui pratiquera une endoscopie nasale permettant d’affirmer la rhinite chronique et éliminer d’autres diagnostics comme une sinusite ou des polypes. Il vérifiera si vous avez une déviation de la cloison nasale qui peut participer à l’obstruction et quel est l’état de vos cornets inférieurs (il s’agit de petits os recouverts d’une muqueuse érectile qui sont situés sur la partie latérale du nez au niveau du plancher nasal et gonflent lorsqu’ il y a une inflammation chronique de la muqueuse (allergique et non allergique)

Consulter un allergologue        

pour définir le caractère allergique ou non de la rhinite (prick tests +/- prise de sang)

A noter que vous devez arrêter les antihistaminiques 5 jours avant les tests pour ne pas avoir de faux négatifs

 Au terme de ce bilan les idées seront plus claires pour vous mais aussi pour votre médecin  et l’on pourra envisager un traitement

Dans tous les cas l’arrêt du tabac qui est un agent inflammatoire chronique est fortement conseillé.

 

Vous êtes allergique : ceci est avéré : que faire ?

 

Vous êtes donc allergique et l’intérêt et non des moindres sera de dire à quoi vous êtes allergiques.Le premier traitement est d’essayer de se soustraire à l’allergène

1-L’éviction de l’allergène

En théorie l’éviction de l’allergène permet de réduire les symptômes. C’est rarement possible complètement dans la vie pratique

Néanmoins toutes les mesures d’éviction possibles seront précieuses.

En cas d’allergie aux poils d’animaux

Et que vous possédez vous-même un chat ou un chien, l’idéal est de se séparer de votre animal de compagnie même si cela vous déchire le cœur.

  • Je suis souvent confrontée à cette situation et mon rôle de médecin est bien d’expliquer au patient qui découvre son allergie quels sont les risques :

 En tant que patient on peut accepter d’avoir le nez qui coule (cela reste un inconfort) mais on ne peut pas accepter qu’un patient allergique meure d’une crise d’asthme (même si cela est rarissime, cela est dans l’ordre des possibles). L’allergie devient de plus en plus importante au fur et à mesure qu’on reste en contact avec l’allergène et donc vivre au contact quotidien d’un animal qui va aggraver la pathologie est une décision lourde à prendre en toute conscience en en connaissant les risques potentiels.

Pour cette raison si vous faites partie d’une famille d allergiques, évitez d’adopter un animal de compagnie pour ne pas vous trouver confrontés à cette situation.

BON A SAVOIR : un parent allergique a 25% de probabilité de transmettre le terrain allergique a son enfant-si les deux parents sont allergiques le risque monte à 50%

En cas d’allergie aux pollens :
  • Sortez ou faites du sport pendant, ou juste après la pluie, lorsque l’air contient beaucoup moins de pollen ;
  • évitez les ballades dans la campagne durant la floraison ;
  • portez des lunettes de soleil à l’extérieur pour éviter le contact des pollens avec vos yeux;
  • aérez votre habitation brièvement et en l’absence de vent ;
  • dormez en gardant la fenêtre fermée pour éviter l’apport d’air extérieur,
  • éviter toute entrée d’air dans la voiture lors des déplacements;
  • évitez de tondre vous-même le gazon pendant la saison pollinique et jardinez de préférence en portant lunettes et masque de protection ;
  • essayez de planifiez le calendrier et le lieu de vos vacances, de manière à éviter les périodes de floraison ;

 

En cas d’allergie aux acariens 

Lorsque les acariens sont à l’origine de la rhinite allergique, les mesures à prendre doivent être concentrées sur la chambre à coucher:

  • Il faut si possible retirer les moquettes, les tapis, les doubles rideaux et peluches ;
  • mettre des housses de protection anti-acariens sur les matelas et les oreillers;
  • laver le linge de lit deux fois par mois à 60°C ;
  • préférer les matelas à lattes ;
  • aérer la pièce tous les jours afin de réduire l’humidité ;
  • aspirer fréquemment ;
  • traiter éventuellement avec un acaricide les éléments peu accessibles. L’application doit être renouvelée plusieurs fois par an.

 

Que faire en voyage?
  • Choisir sa destination lorsqu’on est allergique
    • Si vous êtes allergique au pollen, privilégiez les voyages en hiver, les séjours en bord de mer, les croisières, les séjours dans les régions désertiques, etc.
    • Si vous êtes allergique aux poils d’animaux, évitez les vacances à la ferme ou les séjours à proximité de centres équestres, par exemple.

 

Malheureusement bien souvent l’éviction de l’allergène est insuffisante et il faut prévoir un traitement médicamenteux :

2-Le traitement symptomatique
  • Dans tous les cas les lavages de nez réguliers au sérum physiologique sont indispensables (par un simple lavage vous évacuez les allergènes au contact de la muqueuse)
  • Le traitement symptomatique consiste à prendre des anti-histaminiques (soit au long cours soit a la demande) certains d’entre eux sont maintenant en vente libre sans ordonnance
  • Si les effets escomptes du traitement sont insuffisants il est possible d’utiliser des sprays de corticoïdes locaux selon les modalités que votre médecin vous indiquera
  • Il existe maintenant des sprays qui conjugue en local a la fois une molécule anti histaminique et un corticoïde local.

 

3-La désensibilisation

Une autre option est d’envisager une désensibilisation.
La désensibilisation par voie sous cutanée est quasiment abandonnée au profit de la désensibilisation orale.
C’est votre médecin allergologue qui fixera avec vous l’indication et les modalités du traitement.

4-En cas d’échec et si la gêne est plutôt sur le versant obstructif, on peut avoir recours à des moyens physiques:

LASER, radiofréquence ou chirurgie (se reporter plus bas dans le chapitre des rhinites non allergiques)

 

Vous n’êtes pas allergique : vous souffrez donc d’une rhinite chronique non allergique

 

 On met dans cette catégorie beaucoup d’entités différentes : La rhinite vaso- motrice (qui est un dérèglement du système régulateur des secrétions), la rhinite a éosinophiles et de façon générale tout ce qu’on ne sait pas catégoriser

 

Quels traitements proposer en cas de rhinite non allergique ?

 

1-Les médicaments

-Le cas des médicaments anti-histaminiques

Ils fonctionnent partiellement (car ils agissent aussi sur la première partie la cascade de l’inflammation même non allergique) (c’est la raison pour laquelle les patients non allergiques peuvent trouver un bénéfice partiel)

-le véritable traitement médicamenteux repose sur les sprays corticoïdes que pour ma part je fais utiliser au long cours et selon les besoins à condition de faire faire une endoscopie nasale de surveillance par an.

Un lavage au sérum physiologique doit précéder l’usage du spray pour avoir une efficacité encore meilleure.

2-Les autres traitements sont des traitements physiques

Leur finalité est de réduire les structures internes dans le nez pour diminuer la sensation d’obstruction nasale et dans une moindre mesure avec un effet (parfois temporaire sur l’activité de la muqueuse (les secrétions). On peut utiliser une cautérisation des cornets mais surtout une radiofréquence ou du laser sur les cornets inferieurs.

On peut aussi réaliser en cas d’échec ou d’emblée un geste chirurgical : la turbinectomie des cornets inferieurs (c’est à dire enlever partiellement l’os et la muqueuse de ces fameux cornets.

Il arrive aussi qu’on propose ces gestes aux patients allergiques en cas d’échec de tous les autres traitements

 

Dans tous les cas on veillera à traiter toutes les autres pathologies nasales pour rendre le nez le plus libre possible, par exemple correction d’une déviation de la cloison ou ablation de polypes nasaux et bien sûr traitement d’une sinusite associée si elle existe

 

Je voudrais terminer par un chapitre particulier consacré aux vasoconstricteurs type Aturgyl Deturgylone ou en Israël : Otrivine. Ces sprays sont remarquablement efficaces sur l’obstruction nasale mais ils sont détournés de leur indication initiale qui est de les utiliser pendant une période courte lors d’une congestion aigue comme un rhume

Il faut savoir qu’utilisés au long cours, ils rendent les utilisateurs dépendants et nécessitent pour obtenir le même effet thérapeutique d’augmenter les doses. Par ailleurs ils ont de nombreux effets secondaires comme l’hypertension artérielle et localement l ozène (maladie de croutes nasales nauséabondes)

Uniquement prescrit sur ordonnance depuis plus de 20 ans en France, ils restent en vente libre en Israël et provoquent de véritables drogués à ce médicament.

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