La recherche scientifique sur le vieillissement a montré ces dernières années combien il était important d’apporter des informations multiples et variées au cerveau pour maintenir des fonctions cognitives en bon état.

Entendre bien ralentit la perte de compréhension au niveau du cerveau !

On a particulièrement montré que les sens (dont la vue et l’ouïe c’est à dire le sens de l’audition) jouaient un rôle majeur pour prévenir les troubles cognitifs (de la petite perte de mémoire a la démence). On a aussi montré en ce qui concerne la réhabilitation par appareillage auditif que plus tôt on agissait, meilleure était l’adaptation et l’acceptabilité de l’appareil.

Si on prend l’exemple d’une perte auditive à peu près symétrique, on a montré que si les résultats en tonale (petits bib bip entendus pendant le test) restaient les mêmes au cours du temps des deux côtés, le port d’un appareil ralentissait la perte de compréhension du côté appareillé (répétition des mots pendant le test). Autrement dit le cerveau, s’il est alimenté par des informations (en l’occurrence les sons amplifiés par l’appareil auditif) va se débrouiller pour décoder de façon plus performante pour comprendre le sens (on s’en est rendu compte car au début beaucoup de patients n appareillait qu’une seule oreille souvent pour des problèmes de cout).

Comment dépister le plus grand nombre, le plus tôt possible ?

Dès lors la préoccupation des professionnels de santé publique et des médecins ORL impliqués dans la recherche a été de savoir comment dépister le plus grand nombre de patients le plus tôt possible.

vient de paraitre  le Questionnaire  HHIE-S : Hearing Handicap inventory for ederly-screening modifie en francais et valide par le docteur Damien Bonnard qui travaille au CHU de Bordeaux

Ce questionnaire existe en Anglais (HHIE-S : Hearing Handicap inventory for ederly-screening) et est utilisé depuis de nombreuses années. Il vient d’être validé en français (jusqu’ à présent les questionnaires existants traduits de l’anglais n’étaient pas validés et corrélés à la perte auditive)

Descrition de la validation du questionnaire de depistage par le docteur Damien Bonnard

Son travail l a commencé par une revue complète de la littérature disponible sur le sujet. Très vite, les auteurs se sont rendus compte qu’un questionnaire de dépistage de la surdité chez les sujets âgés faisait référence dans les publications anglo-saxonnes depuis plus de 30 ans : le HHIE-S (Hearing handicap inventory for the elderly – screening), développé aux États-Unis dans les années 1980 par Ventry et Weinstein.

Ce questionnaire simple et rapide repose sur 10 questions et permet d’obtenir un score entre 0 et 40, la probabilité d’être porteur d’une déficience auditive augmentant avec le score. De nombreuses données étaient donc disponibles sur les caractéristiques intrinsèques de ce score (sensibilité, spécificités, etc.) en anglais comme dans des versions traduites dans plusieurs langues (espagnol, chinois, arabe, finlandais, suédois).

Inutile donc de réinventer la roue, l’outil existait, mais les auteurs avaient besoin d’une traduction française et, surtout, d’une validation de ses caractéristiques en conditions proches d’une situation de dépistage, en France en 2020, dans un échantillon suffisamment large.

Ils ont donc  analysé le lien entre les scores au questionnaire HHIE-S et les résultats des audiométries tonale et vocale dans le silence, ce qui était le critère principal retenu dans la majorité des études déjà publiées.

La présence d’une surdité était définie selon les critères du Bureau international d’audiophonologie (Biap) comme une perte tonale moyenne supérieure à 20 dB HL sur les fréquences 0,5, 1, 2 et 4 kHz.

Mais Ils ont aussi  également réalisé une audiométrie vocale dans le bruit, pour tenir compte des indications actuelles de l’appareillage auditif qui retiennent comme critère suffisant un écart de plus de 3 dB RSB par rapport à la valeur normative du test .

Plusieurs questions du HHIE-S concernent d’ailleurs directement des situations d’écoute en milieux bruyants et l’analyse d’une audiométrie dans le bruit paraissait incontournable. Les auteurs ont  opté pour le test VRB (Vocal rapide dans le bruit) à 5 hauts-parleurs, développé par l’équipe du service d’otologie et d’otoneurologie du CHU de Lille. Ce test polyvalent et facile à appréhender est très adapté à ce type d’utilisation et présente l’avantage de donner une lecture directe des résultats en perte de dB RSB.

Les résultats:

les caractéristiques de la version française du HHIE-S en situation de dépistage sont très bonnes, avec une sensibilité de 80,4 % et une spécificité de 85,4 % pour dépister une surdité (score seuil de 8/40). L’analyse conjointe des résultats audiométriques dans le silence et dans le bruit nous a permis d’ajouter un score seuil pertinent de 16/40, au-delà duquel la probabilité d’indication d’appareillage est très élevée (88 %).

comment se passe le test?

Ce questionnaire simple et rapide, repose sur 10 questions et permet d’obtenir un score entre 0 et 40. La probabilité d’être porteur d’une déficience auditive augmentant avec le score. Ses performances en version française pour les situations de dépistage sont très bonnes, avec une sensibilité de 80,4 % et une spécificité de 85,4 % pour dépister une surdité (score seuil de 8/40).

Vous pouvez d’ores et déjà faire le test en imprimant le pdf suivant:

HHIES version francaise_bonnard(2)

Voici le test:

Pour chacune de ces questions vous avez le choix entre trois réponses: « Oui », qui donne un score de 4 points; « Parfois », 2 points; et « Non », 0 point.

Comment interpréter les résultats?

Interprétation du score :

bref un questionnaire utile simple d utilisation et qui doit vous mettre la puce a l oreille pour consulter votre ORL et realiser un test auditif sans tarder!