ORL et Covid 19 : quels liens?

 

 

L’orl est une spécialité particulièrement concernée par le Covid 19 : pourquoi ?

Parce qu’il donne des symptômes ORL :

mal de gorge (60% des cas), toux (80% des cas), fièvre (40% des cas), mais aussi des maux de tête, des courbatures et une grande fatigue.

 

Parce que le virus se situe dans le rhinopharynx et la salive (c’est à dire dans la sphère ORL)

 

C’est dire l’importance des mesures de protection lors d’une consultation ORL pour éviter les contaminations du soignant au soigné ou d’un patient à l’autre.
Il faut savoir que lors d’un éternuement ou d’une toux la projection des gouttelettes qui se déplacent en nuage et parcourent une distance pouvant atteindre 6 mètres.

Les sociétés savantes dans le monde entier en France et en Israël notamment recommandent donc pour l’instant de :

– ne pas faire de fibroscopie ORL sauf cas particulier,
– de ne pas utiliser d’anesthésie locale,
– de ne pas faire de lavages de nez et de ne pas  utiliser de corticoïdes locaux (sauf polyposes) pour ne pas disséminer le virus dans l’arbre respiratoire et parce qu’on ne sait pas comment il interagit avec ces médicaments

 

Parce que le prélèvement pour dépister le virus (dit par PCR) se fait au niveau du rhinopharynx et de la gorge

Il est désagréable (car sans anesthésie locale) voire douloureux car il faut traverser toute la fosse nasale pour aller frotter les parois du rhinopharynx qu’on appelle aussi cavum – En cas d’obstacle (lié par exemple à une déviation de cloison ou de gros cornets inferieurs), le bâtonnet (écouvillon) ne va pas assez loin, ce qui explique certains résultats  dits « faux négatifs »- de l’ordre de 20%-  ou de test qui se repositive…

Combien de temps le virus reste-t-il dans la gorge ?

L’incubation (c’est à dire l’intervalle entre le moment où on est contaminé par le virus et l’apparition des premiers symptômes est en moyenne 2 à 6 jours (maximum 2-14 jours). C’est probablement le moment ou la quantité de virus dans la gorge est la plus forte mais certaines études font état de la présence du virus jusqu’ à 28 jours après le début de la maladie.

 

Le Covid 19 peut également provoquer des manifestations neurologiques qui concerne la sphère ORL :  c’est l’anosmie (perte d’odorat) et l’agueusie (perte de gout).

 

Ces deux symptômes de découverte très récente (non décrite par les chinois) sont très fréquents : 86% des patients pour l’anosmie et 88% des patients pour l’agueusie selon une étude européenne parue début avril.

Ces symptômes sembleraient plutôt caractéristiques des formes bénignes et prédominent chez les femmes.

Sa valeur prédictive du Covid 19 semble si bonne que les chercheurs de l’institut Weizmann en partenariat avec l’hôpital Wolfson ont mis au point un algorithme pour dépister la maladie à son début en proposant aux personnes en confinement de tester chaque jour leur odorat sur 5 produits courants présents dans toutes les maisons et d’appeler Mada ou son médecin de famille pour pouvoir passer le test PCR en cas de modification.

 

Dans la majorité des cas, ces manifestations  régressent au bout de deux à trois semaines

La société d ORL française propose de faire soi-même pendant la période de confinement une rééducation olfactive si ces symptômes persistent (en achetant au supermarché de la vanille, du café, de l’aneth, du thym, de la cannelle, des clous de girofle, de la lavande, de la coriandre et du vinaigre)

Il faut chaque jour lire le nom du produit pour que le système sensoriel intègre l’information puis le sentir dans un deuxième temps pour rééduquer son odorat.

Pathologie ORL courante et Covid 19 : comment faire ?

La lutte contre le Covid 19 semble partie pour durer. Il va donc falloir s’adapter car les autres pathologies ORL n’ont pas disparu pour autant et après cette période de sidération pour tous, il faut réfléchir à la façon de les prendre en charge dans les meilleures conditions de sécurité pour les patients et les soignants.

Dans une structure publique (hôpital-koupa), les moyens de protection pour le praticien et les patients sont déjà mis en place pour réduire le contact patient et soignant (par exemple, mise en place de signature électronique, annulation des consultations non urgentes).

Dans les structures privées, ces mêmes mesures ont été difficiles à appliquer au début (manque de masque et blouse par exemple). C’est la raison pour laquelle la plupart d’entre nous ont arrêté de pratiquer temporairement.

Le matériel de protection a certes un coût, il est désormais disponible et on peut raisonnablement proposer (ceci est mon avis personnel et est largement inspiré des recommandations de la société française d ORL) de reprendre les consultations en présentiel avec les précautions suivantes :

 

-un interrogatoire sérieux lors de la prise de rendez-vous pour sélectionner les patients qui auraient possiblement des premiers symptômes Covid 19 pour les orienter vers une structure de dépistage.

-venue du patient équipé d’un masque et de gants

– prise de température à son arrivée

–  soignant complètement équipé (masque ffp2-visière-surblouse)

– circulation à sens unique (le patient n’entre dans le cabinet du médecin que lorsque le patient précédent en est sorti)

– nettoyage des surfaces de la pièce entre chaque patient avec des lingettes virucides

-aération naturelle de la pièce (pas de ventilation mécanique)

-privilégier l’imagerie plutôt que la fibroscopie

 

Ces mesures très chronophages nécessitent de la compréhension et de la rigueur tant de la part du médecin que du patient. L’adhésion mutuelle à ces mesures contraignantes sont gage de sécurité et seront bien entendu évolutives dans les prochaines semaines selon les résultats constatés.

 

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